Actualités

Le pouvoir des fleurs

Bonjour

L’article du jour parle, en image, du respect à l’intégrité de l’œuvre.

Rappelez-vous, l’article L121-1 alinéa 1er du CPI, sur lequel je reviens souvent :

“L’auteur jouit du droit au respect de son nom, de sa qualité et de son œuvre”

Le droit au respect du nom et de la qualité d’auteur est très souvent évoqué lors de publications sans crédit photographique, ou de contrefaçon en général.

Le droit au respect de l’intégrité de l’œuvre l’est, quant à lui, lorsqu’une photo est recadrée sans l’accord de l’auteur, ou transformée (ajout d’un élément, passage en noir&blanc etc…)

Une situation moins souvent évoquée est celle où la photo est amputée d’un élément.

Dans le cas dont  il est question aujourd’hui, un lecteur, par ailleurs photo-journaliste, me transmet la photographie suivante, représentant DSK de dos, une rose à la main, photo dont il est l’auteur et qui avait été acquise par une célèbre publication d’un grand groupe de presse.

                                        © photo Eric Franceschi

Après passage entre les mains des rédacteurs, journalistes, etc….  voici à quoi ressemblait la parution finale

Si l’auteur de cette photo, et du mail qui m’informait de cette situation, relève lui-même que “le but n’étant pas de se lancer dans des procédures longues et coîteuses ( je n’ai pas l’âme procédurière ) je n’irai pas me battre contre le pot de fer ” Lagardère “. Mais je souhaite diffuser cette petite histoire, à l’heure où les journaux critiquent l’utilisation abusive de Photoshop, où les agences n’hésitent pas à licencier les photographes qui en abusent et trompent les lecteurs ( à juste titre lorsqu’il s’agit d’une photo d’information ).

Les journaux bien souvent restent impunis et forts devant le simple photographe ( une avocate m’a dit que les dommages et intérêts pouvaient varier suivant la ” notoriété ” de l’auteur :)))

Voici donc le document, je vous laisse libre de sa diffusion si cela peut alimenter le débat.”

L’intéressé, qui a à de multiples reprises demandé une explication quant à cette modification, n’a bien sûr reçu aucune argumentation valable…  et pour cause, puisque son accord était indispensable pour modifier la photographie. Ces rappels multiples concernaient également le prix de sa pige, qui lui a finalement été versée mais toujours sans la moindre explication quant à cette modification pourtant substantielle du message véhiculé par la photo.

Les publications non-créditées ou créditées “D.R.”, les photos “empruntées” par des grands quotidiens sur les sites de certains photographes (je reçois chaque jour des mails à ce sujet) sont foison.

Les réponses lors des mises en demeure sont généralement teintées d’une mauvaise foi ou d’un mépris réel pour les photographes, sur le ton du “nous n’avons vraiment pas que ça à penser, nous travaillons dans l’urgence, merci de nous laisser faire notre travail“.

Peut-être serait-il bon que la règle pourtant très souvent rappelée par les Tribunaux, et selon laquelle il appartient à l’éditeur – de surcroît quand il s’agit d’un professionnel du secteur de la presse – de vérifier qu’il dispose de l’autorisation de publier la photo soit également appliquée…

Il est certes plus rare que l’on se donne, en plus, la peine de modifier le cliché, mais cela arrive, en voici un bel exemple.

Je crains fort, donc, de n’avoir pas fini d’écrire à ce sujet…
Dans l’immédiat par contre, je prends quelques jours de vacances pour revenir en pleine forme, neurones reposés (j’espère) et avec le réservoir d’énergie rempli à bloc, dans les premiers jours de septembre.

A très vite et bonne fin d’été à tous.

 

Joëlle Verbrugge

7 commentaires sur cet article

  1. C’est complètement scandaleux. Certes ce n’est qu’une simple rose, mais sans la photo perd tout son sens, on pourrait penser à une rupture ou tout autre ce qui est peut être faux. Si l’intéressé fait une démarche juridique, à qui la responsabilité. Est ce que le rédacteur serait d’accord que l’on repasse derrière lui et que l’on modifie son texte, l’essence de son oeuvre, je pense pas.

  2. Le problème d’aller en justice surtout pour les photos c’est :
    * la lourdeur/lenteur alors que dans certains cas c’est simple (pas de nom d’auteur, photo modifiée, etc.) qui tiendrait quasiment plus de la “contravention”
    * le débat sur l’originalité

  3. Travaillant pour des collectivités territoriales et un parc régional, je vois régulièrement mon travail publié dans différentes brochures et je ne m’en plains pas dans la mesure où payé pour faire des reportages, voir son travail être utilisé est non seulement normal puisqu’il a été commandé et même “rassurant”. Par contre voir mon travail en dehors des clauses du contrat c’est moins sympathique et encore moins sympathique quand mon nom ne figure pas au crédit photo et de surcroît dans un grand quotidien local pour les besoins en communication de mes clients. La réponse est toujours la même, nous avons donné ton nom et demandé à ce qu’il soit indiqué, on ne maîtrise pas tout. Point à la ligne. Il m’est déjà arrivé de voir une de mes photos légèrement modifiée. je n’ai pas réagi, jugeant que la modification ne portait pas atteindre à la photo elle-même et aussi pour “ménager” le conseiller en communication et “garder mon client”. cet article aura au moins le mérite de me faire réagir si cela se reproduit et un petit rappel à l’odre, poli mais ferme” sera de mise. A force de ne rien dire on laisse “l’autre” continuer dans ses mauvaises habitudes. Bonne fin de vacances

  4. Par leur position dominante, les rédactions se croient tout permis face aux photographes…C’est lamentable mais il ne faut pas laisser faire. Merci pour votre article.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.



error: