NFT – Attention aux arnaques
Publié le 6 mai 2025

Sommaire
Bonjour à tous,
Dans l’article que je vous propose aujourd’hui, je reviens sur deux types d’arnaques fréquentes aux NFT, dont peuvent être victimes les artistes.
DE QUOI S’AGIT-IL ?
Un NFT (Non Fungible Token) est une forme de certificat numérique unique, qui démontre qu’une personne est propriétaire d’une oeuvre numérique.
Ce certificat est enregistré sur la blockchain, grâce à laquelle est créé un registre public et en principe infalsifiable qui permettra au propriétaire de l’oeuvre de prouver son droit de propriété.
Les artistes, de leur côté, font appel à ce système pour vendre des oeuvres sous une forme exclusivement numérique, et pour être payés, potentiellement, à plusieurs reprises :
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- Lors de la première vente
- Mais aussi par le biais d’un pourcentage plus réduit de chaque revente future de l’oeuvre. Une sorte de “droit de suite” numérique, si vous préférez.
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L’ensemble se réalise à l’aide de ce que l’on nomme les “Smart contracts”, qui sont intégrés au processus.
En soi, le système n’est pas critiquable, et certains artistes ont basé tout ou partie de leur business model sur la vente de NFT. C’est un choix, qui appartient à chacun.
Mais comme tout système de vente, en ligne ou non, la technique des NFT a, peu à peu, suscité l’imagination des fraudeurs et escrocs en tous genres.
LES AFFAIRES MÉDIATISÉES
Au fil du temps, le monde de l’Art a été secoué de quelques affaires qui font fait beaucoup de bruit. Je vous renvoie notamment à quelques articles publiés en ligne à différents sujets. Une petite recherche rapide sur Internet vous permettra d’en trouver d’autres si besoin.
De leur côté, les artistes qui diffusent habituellement leurs œuvres sous forme de NFT ont en général une idée précise et concrète du fonctionnement, de telle sorte qu’ils seront probablement moins exposés aux risques de fraude.
Par contre, les artistes qui n’ont jamais exploré ce marché dématérialisé, sont une cible facile, d’autant que les profits que les arnaqueurs leur font miroiter sont totalement attrayants, ce qui est déjà en soi un indice qui doit attiser leur vigilance.
DEUX ARNAQUES FRÉQUENTES
REMARQUE IMPORTANTE : La suite de mon article est essentiellement rédigée grâce aux explications concrètes et très précises qui m’ont été fournies par le photographe Gil GAUTIER (www.gilgautier.com).
Je le remercie très vivement d’avoir pris le temps de m’expliquer les arnaques auxquelles il avait été confronté, et qu’il a, surtout, pu déjouer à temps. Son expérience et ses explications serviront à tous. N’hésitez donc pas, d’une part, à relayer cet article, et d’autre part à suivre le travail de Gil GAUTIER.
Arnaque n°1 – Arnaque aux frais d’inscription
Dans un premier temps, l’artiste reçoit un commentaire sur l’un de ses réseaux sociaux, contenant un éloge souvent dithyrambique de ses œuvres, demandant aussi si celles-ci sont à vendre. Voici un exemple concret de trame de message souvent utilisé.
À ce moment, si l’artiste répond que les œuvres sont bien à vendre, les messages vont s’enchaîner, de façon généralement très rapide. La rapidité des messages est une constante de bon nombre d’arnaques sur Internet, celles-ci ne font donc pas exception : il s’agit de vous amener à prendre des décisions immédiates sans penser à vérifier.
Quelques photographes m’ont approchée, précisément, à ce stade ou à l’étape suivante. Si j’ai toujours déconseillé d’agir dans l’urgence, les explications données aujourd’hui par Gil GAUTIER permettent de mieux appréhender le mécanisme.
Lorsque l’artiste a répondu « Oui » à la question de savoir si ses œuvres sont à vendre, il est invité à passer sur une messagerie (Messenger, Telegram, Snapchat ou une autre messagerie cryptée) ou directement contacté sur cette messagerie par le « candidat acheteur ». Ce dernier lui envoie ensuite au bout de quelques échanges une proposition de prix accompagnée d’explications qui lui apprennent qu’il faut payer 149 $ pour uploader chacune des images de façon à ce qu’elle soit inscrite dans la blockchain et puisse ainsi être vendue sous forme de NFT.
Le plus souvent, l’artiste n’a absolument pas l’habitude d’utiliser des cyptomonnaies, ce qui lui est imposé à ce moment (Bitcoin ou Ethereum, en abrégé ETH). Il doit dans un premier temps créer un portefeuille (wallet) sous l’une ou l’autre forme (le plus souvent « Meta mask wallet ») afin de virer, à partir de son compte bancaire, les euros correspondant aux cryptomonnaies avec lesquelles la procédure va se poursuivre ensuite.
À l’étape suivante, l’artiste est invité à ouvrir un compte, par exemple sur le site pictorallab.com et de s’inscrire pour uploader les images qui ont, prétendument, tapé dans l’œil de son acheteur providentiel. Il doit y insérer une description, préciser son nom d’auteur, et bien sûr payer la contrevaleur de 149 $ par œuvre (soit par exemple 0,1 ETH qui étaient mentionnés dans le message reproduit plus haut).
L’artiste a donc payé les 0,1 ETH par œuvre, et bien sûr, l’achat de l’œuvre ne sera jamais finalisé du côté de l’acheteur tombé du ciel. L’artiste s’est appauvri du coût demandé par image….
La façon dont les escrocs, dans cette arnaque-là, sont rémunérés reste un mystère. Logiquement, il doit s’agir :
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- Soit d’une sorte de système de “parrainage” où l’utilisateur qui amène un nouvel artiste sur la plateforme de vente perçoit une petite partie des frais demandés pour chaque photo. Ce serait la solution la plus “honorable”.
- Soit, cela n’est pas tout à fait exclu, d’une arnaque commanditée par la plateforme elle-même pour augmenter le nombre de ses inscrits.
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Si quelqu’un en sait plus à ce niveau, surtout qu’il n’hésite pas à ajouter un commentaire sous cet article…
Arnaque n°2 – Arnaque au taux de change
Le début de l’arnaque débute de façon totalement identique : choix par les escrocs d’une victime via les réseaux sociaux, première approche, etc.
Dans ce cas, l’acheteur se présente souvent comme le représentant d’une grosse société en charge de la décoration pour de très gros clients à New-York, Los Angeles ou Dubaï (liste susceptible d’évolution, bien sûr, en fonction des modes).
L’artiste se voit ensuite offrir le plus souvent 1.500 € par photo (donc par fichier numérique qui serait vendu à l’acheteur providentiel).
Pour permettre à cet acheteur d’examiner les œuvres, il sera demandé à l’artiste de faire parvenir 10 ou 20 photos pour proposer un prix d’achat global. L’envoi des fichiers est demandé par Wetransfer ou un site équivalent.
« L’acheteur » ne va toutefois pas télécharger les fichiers, mais va malgré tout faire une proposition très rapide, pour un montant global allant de 15.000 à 30.000 € environ (à nouveau, ceci est susceptible de varier et d’évoluer).
L’étau se referme ensuite sur l’artiste lorsqu’il accepte la proposition :
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- L’acheteur tombé du ciel explique alors que sa société est basée en Angleterre (si l’artiste est lui-même dans l’Union européenne).
- Il précise ensuite que le taux de change entre les Euros et les Livres sterling représentent un coût à charge de l’artiste.
- Dans l’exemple d’une proposition d’achat de 15.000 €, les chiffres qui furent communiqués au photographe Gil GAUTIER aboutissaient à un coût de change de 750 €, à payer avant de recevoir le montant total de la « vente » promise.
- L’acheteur/escroc n’hésite pas à envoyer des copies d’écran bancaires (aussi fausses que ses intentions d’achat) afin de démontrer que le virement promis est prêt et sera débloqué dès réception du coût des frais de change.
- L’artiste reçoit ensuite un RIB/IBAN pour s’acquitter de sa petite contribution à l’effort de guerre, persuadé ensuite d’être rapidement et très largement remboursé de son investissement.
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… et bien entendu, aucun virement ne sera jamais effectué venant de l’escroc.
Par ailleurs, aucune banque ne pourra indemniser l’artiste puisqu’il a réalisé un virement lui-même.
Les constantes
Le photographe Gil GAUTIER me précisait également :
« Votre interlocuteur sera de manière générale très rapide dans ses réponses, il sera toujours courtois et bienveillant pour vous mettre en confiance et vous racontera même sa vie. Pour ma part je réponds très régulièrement à ces escrocs pour m’en amuser et leur faire perdre du temps, temps qu’il n’auront pas pour escroquer d’autres photographes. » (Gil GAUTIER – www.gilgautier.com).
CONCLUSION
Malheureusement, il est sans doute rarissime qu’un acheteur providentiel se présente directement via les réseaux sociaux, hors de tout circuit classique du monde de l’Art.
Comme dans toute arnaque sur Internet, la technique qui vise à précipiter les décisions, tout en détournant votre attention (l’amabilité de l’acheteur qui, très poli, vous raconte aussi sa vie) monopolise l’attention, créant la confiance indispensable, et empêchant parfois les artistes de faire preuve de la plus élémentaire prudence.
Si vous avez été victimes d’une tentative d’arnaque du même genre, n’hésitez pas à laisser votre récit en commentaire sous cet article. Et j’invite chaque lecteur à découvrir également les commentaires laissés ci-dessous.
Vous voici donc informés !
Encore mille fois merci à Gil GAUTIER pour ses explications très concrètes et précises !
Joëlle Verbrugge
Il m’est arrivé une aventure similaire par instagram. Proposition de NFT. J’ai demandé par quelles oeuvres ils étaient intéressés. Parmi elles, il y avait un Picasso que j’avais cité dans les media sociaux…J’ai bien ri.
Une variante qui m’a été proposée : Demande d’ami par un prétendu photographe (son profil présente de belles photos urbaine) Il est allemand et habite en Australie. J’accepte… c’est un photographe enfin il me semble… Il attend qlq jours avant de me dire qu’il souhaite acheter des photos et il demande une cotation avec encadrement. Je lui dit que pour l’Australie, 5 tirages encadrés ça va faire cher… et là, il m’ annonce qu’il a une autre solution… Les NFT et il peut tout expliquer… Je le bloque. Je savais que ce système allait me coûter de l’argent et de plus c’est une usine à gaz à effet de serre…Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est qu’il avait choisi les 5 dernières photos publiées parmi 2000 ou plus. J’ajoute que 3 jours plus tard, un de mes amis fb photographe, que je connais IRL, m’a indiqué que la même personne l’avait contacté….
Merci pour ce contenu, Joëlle.
J’avais une fois publié une photo de la Sainte Chapelle, et qqn était venu me voir voulant m’acheter des tirages à des prix de fou en ETH.
Plus ça allait, plus les réponses étaient incohérentes.
Mais il est vrai que quelqu’un qui ne fait pas plus gaffe peut se faire embobiner.