Sud-Ouest, une réponse.. me voilà rassurée :-(
Publié le 5 octobre 2010
Bonjour
Mon eMail d’hier a reçu ce matin une réponse qui, j’imagine, ne manquera pas de nous rassurer (ceci dit- vous l’aurez compris – avec une belle dose d’ironie) je vous laisse juger par vous-mêmes, en vous proposant dans l’ordre :
. les “explications” reçues
. et ma propre réponse, envoyée à l’instant
“Bonjour madame,
Je prends avec stupéfaction connaissance de votre mail de ce matin _ ainsi que de son contenu qui m’a tout l’air de ressembler à une menace ou plutôt à un chantage _ après avoir eu sous mes yeux votre premier courriel hier après-midi.
Désolé, nous n’avons pas traité en urgence votre légitime requête dans l’édition de ce matin mais elle a en revanche donné lieu à un vrai débat dans notre rédaction et qui plus est abouti à un rappel des règles en la matière avec tous nos secrétaires de rédaction. Croyez-le ou non.
Croyez-le ou non (vous me paraissez toutefois le croire dans la mesure où vous le suggérez vous-même), mais cette « faute inqualifiable » est purement et simplement involontaire. Les SR, qui traitent comme vous le savez des dizaines de clichés quotidiennement, ont en effet tendance à faire spontanément confiance à nos correspondants. Lesquels ne sont pas plus blâmables que les organisateurs de ce genre de manifestations quand ils récupèrent parfois des clichés sans se faire préciser l’alinéa d’une loi que vous maîtrisez bien mieux qu’eux, visiblement. Ce qui ne veut pas dire que nous n’ayons pas failli. Mais relativise la faille.
Croyez-le ou non, en revanche, Sud Ouest compte dans ses rangs 21 reporters-photographes professionnels et peut donc s’enorgueillir d’être un des journaux de France qui prend le plus en compte la valeur iconographique. Sans avoir de leçon à recevoir, donc.
Croyez-le ou non, mais pour avoir été un modeste reporter une bonne dizaine d’années et donc toujours accompagné d’un binôme armé d’un appareil, le duo que nous formions n’avait alors pas spécialement en tête « de vendre le journal pour gagner sa vie ».
Quant à Reporter Sans Frontières, j’ai peur qu’en vous adressant à un journaliste possesseur de sa carte de presse depuis bientôt 20 ans, vous ne tombiez un peu à plat en tentant de lui en apprendre l’existence ou l’intérêt.
Pour ce qui est de respecter le travail des artistes, des photographes ou des journalistes, avec la petite marge d’erreur inhérente à chacun de nos métiers, c’est notre obsession quotidienne, croyez-le ou non.
Pour finir, croyez-le ou non, mais décision avait été prise dès hier de publier ce matin le rectificatif ou l’erratum qui s’imposait suite à votre premier courriel.
Voilà pour ce qui est de vous faire part de notre choix en retour.
Cordialement
Jean-Pierre Dorian
Chef d’agence départemental”
Ce qui m’amène donc à me réjouir de cette évolution annoncée, et ce dans les termes suivants :
“Bonjour Monsieur,
Je prends connaissance de votre mail, et me désole que vous considériez mon mail comme un chantage.
La première branche de l’option que j’envisageais était ni plus ni moins que l’application de la loi
La seconde, une manière peut-être plus sympathique de me démontrer l’affirmation réitérée aujourd’hui et selon laquelle vous seriez l’un des journaux en France qui prend “le plus en compte la valeur iconographique”.
Je ne conteste pas le fait que vous ayez dans vos rangs une équipe de photographes très talentueux qui font en effet un excellent travail, ce que personne n’a remis en compte.
Mais il n’est pas nécessaire d’être titulaire d’une carte de presse ou même d’un statut professionnel pour que s’appliquent les dispositions du Code de la Propriété intellectuelle.
Que vous ayez, avec les auteurs de différents clichés, des arrangements financiers qui vous regardent n’est aujourd’hui pas mon propos.
Le seul objet de ma démarche est d’essayer de faire admettre qu’au titre des droits imprescriptibles et inaliénables composant la partie morale du droit d’auteur figure l’obligation de publier une photo avec le nom de l’auteur sur ou à proximité immédiate du cliché.
Et je lis donc que c’est “par erreur” qu’un SR débordé peut recadrer une photo en enlevant précisément la partie qui contient le nom de l’auteur, et la remplacer par les “D.R.”… ceci n’est pas sans intérêt, je veillerai à l’avenir à ne transmettre aux quotidiens que des photos décorées d’un tag en plein milieu, ce qui évitera peut-être une coupe sauvage. Comme vous l’écrivez, personne n’est infaillible, et mieux vaut donc prévenir que guérir..
Cela étant, si vos SR connaissent peut-être moins bien le droit puisqu’en effet “chacun son métier”, il ne vous aura pas échappé, de votre côté, que la mention “D.R.” est réservée aux photographes totalement inconnus, dont l’éditeur peut démontrer qu’il a procédé à des recherches approfondies pour en découvrir l’identité, avant de publier le cliché tout en veillant à provisionner les droits pendant 10 ans dans l’espoir qu’un auteur se fasse connaître. Et j’imagine que c’est de ce type de “rappel des règles en vigueur” que traitait votre débat interne suite à nos échanges de mails.
Je suis donc au regret d’apprendre aujourd’hui la disparition d’au moins 7 photographes, si j’en crois la lecture de votre édition de ce jour, qui propose 6 publications avec la mention “D.R.” et 1 sans la moindre mention
– Une publication sans la moindre mention (page 20f)
– une publication DR en page 20g (sous le titre “Le qi gong débute au foyer”)
– une publication DR en page 20i (sous le titre “Octobre en scène”)
– une publication DR en page 20j
– une publication DR en page 25 (sous le titre “Cazaux chez Euskaltel”)
– une publication DR en page 36 (sous le titre “Rentrée parlementaire”)
– une publication DR en page 38 (sous le titre “Massacre animal”)
Convenez avec moi qu’à l’heure où les fichiers numériques eux-mêmes contiennent bien souvent le nom de leur auteur, et que pour le surplus les clichés doivent bien vous être transmis par quelque identité physique que ce soit, le constat semble inquiétant. Mais puisque vous m’annoncez que le respect du droit d’auteur est votre “obsession quotidienne” je ne doute donc pas que si je procède à un décompte identique dans 1 mois ou 2, la fréquence de telles publications en violation de la loi aura considérablement diminué, ce dont je me réjouis d’avance.
Enfin, qui parle de “vouloir apprendre aux journalistes professionnels depuis plus de 20 ans l’intérêt de disposer d’une carte de presse” ? J’ai juste indiqué que l’éventuel bénéfice qui aurait pu découler de l’envoi d’une note d’auteur aurait servi à financer les activités d’une association dont je respecte au plus haut point les buts, puisque mon but personnel n’était nullement de tirer un profit quelconque.
Si je suis ravie que vous ayez exercé votre activité quasi-bénévolement pendant plus de 10 ans, j’ai par contre le regret de constater que les photographes, à l’heure actuelle, et outre leur engagement et la passion qu’ils peuvent déployer dans l’exercice de leur métier, doivent vivre.. et que, quels que soient les arrangements pris autour de la diffusion de telle ou telle photographie, la mention de leur nom en tant qu’auteur est, et restera une obligation légale, qu’ils soient ou non titulaires de cette carte de presse que vous semblez poser en condition sine qua non du respect de la loi…
Mais, rassurée pour l’avenir, je vais donc me réjouir de la priorité que vous m’indiquez accorder à la valeur iconographique, après le débat dont vous faites mention et qui se serait tenu en vue de rappeler les règles en vigueur.
Si cet échange peut au moins servir à cela, je m’en réjouis.. et viendrai donc parcourir régulièrement vos lignes pour m’en convaincre.
Bien à vous,
Joëlle Verbrugge”
Il ne me reste donc qu’à compter, dans un mois, le nombre de publications sous “D.R.” pour, j’espère, me convaincre d’une évolution favorable..
Inch’allah…
enfin.. “Inch’Sud Ouest”.. si c’est le cas je serai ravie, réellement, cela n’aura alors pas servi à rien.
Et si c’est le cas je viendrai bien entendu m’en réjouir avec vous…
Bonne journée à tous
Joëlle Verbrugge
Commentaire laissé par DAvid le 5/10/2010
Bonjour, hébé c’est qu’il vous reprocheraient presque de leur rapeler la loi. :). Et avec leur “croyez-le ou non”, finalement on à du mal à croire en leur bonne foi.
Très intéressant en tout cas. Est-ce les DR seront remplacés par des noms sur les prarutions suivantes? mystère.
Commentaire laissé par Audrey le 5/10/2010
Bonjour,
Je ris un peu jaune en lisant la réponse de sud ouest. Il y a 2 ans, Sud ouest a utilisé une de mes photos mises à disposition d’un groupe de rock pour son site internet, sans aucune mention. Ni DR, ni rien. Avec même un découpage grossier de l’image.
Alors leur grand discours !!!
Ah la mauvaise foi…
Cordialement.
Audrey.
Comemntaire laissé par Koupaliantz le 7/10/2010
Excellent Joëlle!!!!
j’adore ton paragraphe sur la mort des 7 photographes, belle et triste ironie qui met bien en avant leur mauvaise foi!
La traque au DR est lancée, je vais compter à présent!!
Ah bonne idée.. comptez tous dès que vous lisez un journal…
JoëlleVerbrugge
Commentaire laissé par Jérôme le 7/10/2010
la partie “provision de 10 ans sur le DR” m’interesse beaucoup Joelle et Google ne me renvoi rien à ce sujet. Existe-til un texte de loi en ce sens ou est-ce de bon usage ?
Commentaire laissé par Frédéric le 9/10/2010
Vu hier matin sur une PQR locale…. 2 photos qui ne sont même pas en “DR” mais plus fort encore…. elles sont signées “xxxxx/photo xxxx” de plus en plus fort….
Commentaire laissé par Freddy le 11/10/2010
Vos échanges avec ce monsieur sont très intéressants. Continuez à nous tenir informés.
Et je m’en vais de ce pas poster sur la page facebook un exemple repéré il y a peu de temps sur le site internet de l’Express.
onjour
Avec ce Monsieur précisément cela s’arrêtera à ce que j’ai donné dans les articles..
Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve?
Joëlle Verbrugge
Commentaire laissé par Laurent Paillier le 5/10/2010
J’ai posté le même commentaire dans une autre partie du blog. Veuillez m’en excuser.
En parcourant internet, je tombe sur une de mes photos (parfaitement créditée sinon je ne l’aurais pas trouvée) mais sans aucune autorisation de diffusion de ma part… dans quel journal ? Sud Ouest.
On progresse, ils créditent les photos, m aintenant il va falloir apprendre à prévenir les photographes et dans un troisième temps leurs verser des droits d’auteur. C’est le métier qui rentre les gars…
En plus comme c’est de la basse def “empruntée” sur internet qu’ils recadrent et agrandissent, je vous dis pas la qualité et le préjudice quand à mes qualités de photographe 🙁
le lien : http://www.sudouest.fr/2010/10/17/le-coin-des-enfantsmotordu-tendre-ans-deja-214126-4608.php
dans la définition du terme D.R. :
“….tout en veillant à provisionner les droits pendant 10 ans dans l’espoir qu’un auteur se fasse connaître….”
si l’auteur est inconnu, sur quelle base (montant) l’approvisionnement peut il être fait? … puisqu’on ne peut pas connaitre les prétentions de l’auteur …