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Un petit tour du côté des “D.R.”

Bonjour à tous

Ce matin, j’avais au programme une conférence pour des étudiants de section photo d’un lycée professionnel, et le sujet abordé était celui du droit d’auteur.

Après avoir exposé les aspects théoriques, expliqué ce qu’étaient notamment le droit au respect de la qualité d’auteur et de l’intégrité de l’oeuvre, j’ai sorti quelques quotidiens nationaux et régionaux achetés hier, pour leur faire parcourir un peu les crédits photo, et introduire la petite explication théorique que j’allais donner ensuite.

Vérification faite à l’instant par mes soins, voici la “pêche” du jour qui ne manque pas d’interpeller :

. “La République des Pyrénées” (16/3/2011):
– 15 mentions “D.R.”
– 10 photos sans la moindre mention
– 8 photos avec juste la mention de l’agence de presse (AFP en l’occurrence) sans mention du photographe, ce qui rappelons-le a également été épinglé par la jurisprudence comme une violation du droit moral de l’auteur – même si en pratique elle s’avère moins choquante)

. “Les échos”(16/3/2011)
– 14 mentions “DR”
– 21 photos avec juste le nom de l’agence, sans nom de photographe

. “Le Sud Ouest” (16/3/2011)
– 13 mentions “DR”
– 4 photos sans la moindre mention
– 13 photos avec juste la mention de l’agence
– et 9 photos avec “Archives PB” ou “SO” (notre ami le photographe SO ou Sud Ouest)

. “Le Figaro” (16/3/2011)
. 3 photos “DR”
. 1 photo vierge de toute mention
. 1 photo avec le seul nom d’agence,

Le reste étant très correctement crédité

.”La Semaine du Pays Basque” (du 11 au 17mars) :
– 14 photos “DR”
60 !!!   photos vierges de tout crédit ! (il serait plus rapide pour cette publication de compter combien sont correctement créditées)

Deux petites remarques pour terminer :

. Lorsqu’une photo est publiée sans la mention de l’auteur, non seulement celui-ci n’est dans 99% des cas pas rétribué pour cette parution précise,  mais s’il est affilié à une association de gestion collective des droits d’auteur (SAIF ou autre), il se voit potentiellement privé une seconde fois de revenus potentiels sur son image

. La mention du seul nom de l’agence (AFP, Reuters etc…) pourrait, on peut l’imaginer, être le fait de l’agence elle-même à qui les éditeurs auraient acheté les droits sur les photos.
Mais curieusement, je trouve aussi des publications AFP faisant mention du nom du photographe… il y a donc fort à parier que les agences le mentionnent, mais que, d’un éditeur à l’autre, on juge ou non utile de relayer cette information pourtant obligatoire.

A cet égard relevons que Le Figaro fait plutôt figure de bon élève dans la série, puisque les noms des photographes sont bien crédités à côté des mentions “AFP”.

Et dommage, quand j’ai acheté tout cela hier il ne restait plus aucun exemplaire du Monde ou du Libération, que j’aurais bien ajouté à mon petit sondage

Je me demande si je ne vais pas lancer un sondage inverse : qui sera capable de trouver un journal (quotidien, hebdomadaire) avec  100% de photos correctement créditées ??

Et dès que je peux souffler un peu, je vous reviens avec un article (presque fini, mais il faut que je le termine) sur les photographies représentant les membres des forces de l’ordre.

Bonne journée.

Joëlle Verbrugge

19 commentaires sur cet article

  1. Commentaire laissé par Renaud le 17/3/2011

    Un ami journalisté m’a dit que parfois la mention “D.R.” signifiait “document de rédaction”, concernant des photos envoyées à la rédaction ou internes. L’exemple en question était des photos de jeunes ayant participé à un événement et envoyés par les jeunes eux-mêmes à l’organisateur et transmis au journal par la suite.

    Qu’en est-il ?

    1. Bonjour

      Même si c’était exact, ça ne changerait rien… quel que soit l’auteur (même un “jeune ayant participé à un événement” ), son droit de paternité sur l’oeuvre est établi….

      Et je doute fort que “D.R.” ait un jour signifié ce que vous a indiqué votre ami 😉

      Joëlle Verbrugge

    2. Réponse de Renaud :

      C’est bien ce que je pensais, merci pour votre réponse (au moins ma photo juste à côté était correctement créditée, et payée !).

      Merci pour vos blogs !

  2. Commentaire laissé par LUCAS William le 17/3/2011

    Où en est donc le projet de loi dont il a été question il y a quelques mois?

    Il faut aussi prèciser que des correspondants locaux savent s’attribuer des photos qu’on leur à envoyé en mettant leur propre nom… apperemment ce qu’il m’est arrivé il y a un moi est arrivé à d’autres personnes dans le passé.

  3. Commentaire laissé par Erick le 20/3/2011

    Questions : le dauphiné demande souvent à ses lecteurs de leurs faire parvenir des photos (sur divers sujets le dauphiné est dans l’obligation de mettre le nom des photogrammes)

  4. Commentaire laissé par Francis Goussard le 22/3/2011

    J’ai récupéré “le Monde” du 16 mars :

    13 photos mentionnées

    2 DR

    3 mentionnent seulement le nom de l’agence.

    C’est effectivement un petit jeu bien amusant !

  5. Commentaire laissé par Pyrros le 23/3/2011

    C’est pourtant à la portée de n’importe qui et donc des groupe de press de remplir/lire les metadonnée, pour retrouver l’auteur et crediter une photo correctement.

    En tout cas c’est une belle analyse …

  6. Commentaire laissé par Dolphin le 23/3/2011

    Le nôte est …. bimestriel (lol) “Revue Découverte” et depuis sa création TOUTES les photos sont créditées (sous chaque photo)… Dommage en effet que les journaux prenennt de plus en plus les photographes pour des moins que rien !! 🙁

  7. Commentaire laissé par Francis Goussard le 23/3/2011

    J’ai remarqué que sur certaines publications, notamment institutionnelles, les crédits photos étaient regroupés en début ou fin d’ouvrage, sans toujours mentionner la page, donc sans possibilité de reconnaitre formellement qui es l’auteur des photos. Est-ce légal ?

    1. J’ai déjà lu une fois des instructions à ce sujet selon lesquelles il pouvait exister une nomenclature générale regroupant tous les crédits photos, mais dans ce cas chaque photo devait pouvoir être identifiée sans équivoque au moyen d’un renvoi ou d’une numérotation explicite et bien sur mention de la page où apparait la photo.

    2. Oui, vous visez sans doute la jurisprudence qui autorise les éditeurs de presse à indiquer le crédit photographique dans l’ours de la parution. C’est en effet légal.. mais il faut toujours le nom du photographe et éventuellement en + celui de son agence.
      (merci par ailleurs pour votre mail technique, je vais voir ça dès que j’ai un instant.

      Joëlle Verbrugge

    3. c’est amusant car une fois j’avais fait valoir ceci pour des images à moi qui devaient apparaitre sur une publication (brochure promotionnelle) et mélangées à d’autres photos. Donc l’imprimeur avait fait une liste avec nom du photographe et page et numéro de la photo (les photos étant numérotées). Mais il avait imprimé les numéros sur les photos en corps de police hyper petit, presque illisible.
      Donc si ça doit se reproduire un jour je préciserai que les caractères de numérotation des photos doivent faire une certaine taille minimum…

  8. Commentaire laissé par Mathieu Hommaire le 28/3/2011

    Bonjour,

    Je suis “élève” au lycée ou vous êtes venue faire cette conférence, et vous m’avez appris beaucoup de chose, que je ne savais pas, maintenant, je connais les droits que j’ai sur mes photos, et comment, en cas de vol, je peux faire pour récupérer les droit que j’ai dessus.

    Merci beaucoup, toutes ces infos, vont m’être utiles, autant qu’au autres élèves.

    1. Bonjour

      Merci pour votre gentil mot… c’est toujours agréable de savoir que les infos données sont utiles et bien perçues, plus encore s’il s’agit d’étudiants.

      Ravie d’avoir pu aider

      Et nous remettons ça demain pour la partie “droit à l’image”.

      A demain donc

      Joëlle

  9. Bonjour, je me pose une question toute bête depuis un certain temps et la mention de l’auteur m’y fait repenser: la protection du droit d’auteur se fondant sur l’originalité, empreinte de l’esprit de son auteur, les droits moraux (paternité et droit de retrait) peuvent ils s’exercer en l’absence de preuve de l’originalité?

    1. Bonsoir
      A strictement parler, si une photo est déclarée non-protégeable par un Tribunal, il faut logiquement en déduire qu’aucun des droits consacrés par le Code de la propriété intellectuelle ne lui est conféré, y compris donc les droits moraux…

      De là précisément les jugements déboutant totalement certains photographes au motif d’un manque d’originalité, sans, donc, leur reconnaitre un droit à la paternité sur leurs photos…

      Bien à vous
      Joëlle Verbrugge

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